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Marc Seguin

Textes de Michel Faure
Publié le lundi 12 octobre 2009

 LA VIE DE MARC SEGUIN (1786-1875)

Marc SeguinNé à Annonay le 20 avril 1786, il était le fils aîné de Marc-François SEGUIN, négociant en draps, dont la famille était originaire de Tain (Dauphiné). Sa mère, née Thérèse-Augustine de Montgolfier, était une nièce de Joseph et Etienne, "les Frères Montgolfier", qui venaient de se rendre célèbres en 1783 par la découverte des aérostats, prélude à la Conquête de l’Air. Marc eut quatre frères, Camille, Jules, Paul, et Charles, qui furent, plus tard, les collaborateurs efficaces de "Seguin aîné".

- Sa jeunesse et sa formation (1786-1821).

Après que sa mère lui eut enseigné les rudiments de notre langue, il fut envoyé dans une pension de la campagne annonéenne, à Talencieux, de 1794 à 1799, avant d’être guidé vers les sciences, à Paris, où son grand-oncle, Joseph de Montgolfier, était démonstrateur au Conservatoire des Arts et Métiers. En 1805, entré dans la vie active, il partagea son temps entre Annonay et Paris, pour le compte du commerce de son père, puis de la manufacture de feutres pour papeteries, qu’il avait créée sur les bords de la Cance avant 1820.

- L’époque des inventions (1822-1837).

Ayant effectué des voyages en Angleterre et en Suisse, “Seguin aîné” laissa, peu à peu, entrevoir les immenses possibilités de son esprit. En 1823, il établit son premier pont suspendu à câbles de fer, sur la Cance ; ce fut le prélude à plus de dix années extraordinairement fécondes, au cours desquelles il aborda avec succès les problèmes posés par la locomotion sous toutes ses formes, gardant toujours Annonay comme point d’attache.

- Le séjour à Fontenay (1838-1859).

Victime de rivalités tenaces, devenu veuf, il décida de changer de cadre de vie en 1838, à 52 ans, en s’installant, avec une famille déjà nombreuse, en Bourgogne, dans l’abbaye de Fontenay, alors transformée en papeterie. Son activité y fut consacrée à des réflexions théoriques, à la rédaction d’ouvrages techniques, et à la formulation du principe de l’équivalence de la chaleur et du travail. En 1845, il fut élu membre correspondant de l’Académie des Sciences, section de mécanique.

- Une fin de vie bien remplie (1859-1875).

Ayant acquis la propriété de Varagnes, aux portes d’Annonay, Marc Seguin y passa les seize dernières années de sa vie, toujours aussi trépidantes, et consacrées à l’industrie (papeteries de Vidalon), à la science (Mémoire sur l’aviation ...), et aux oeuvres sociales (maisons de Saint-Joseph à Varagnes, des Petites Soeurs des Pauvres, cité ouvrière du Pré-Matré ...).

- Marc Seguin en famille.

Marié en 1813 avec Augustine DURET, il eut treize enfants ; veuf, il se remaria avec Augustine de MONTGOLFIER, plus jeune que lui de 33 ans, et qui lui donna encore six enfants ; un écart de 47 ans séparera son fils aîné de sa dernière fille ! En 1985 seulement, mourra sa dernière petite fille : son grand-père était né sous Louis XVI !

Officier de la Légion d’Honneur, véritable force de la nature auréolée de sa légendaire chevelure blanche, il mourut le 24 Février 1875, et fut accompagné au cimetière de sa ville natale par une foule immense et reconnaissante.

 L’ŒUVRE DE MARC SEGUIN

- Essai de navigation fluviale.

Ayant crée, en 1825, une société de halage par la vapeur, plusieurs bateaux, dont le "Ville d’Annonay", naviguèrent sur le "Fleuve Dieu" ; mais ces tentatives, coûteuses et prématurées, aboutirent à la liquidation de la société en 1828 ; Marc Seguin, dont ce fut le seul demi-échec dans sa vie, fut néanmoins précurseur dans ce domaine.

- Les ponts suspendus à câbles.

Des ponts existaient déjà, suspendus à des chaînes et à des barres (Angleterre) ; ils étaient chers et fragiles. Notre compatriote eut l’idée, à l’issue de travaux réalisés à une échelle réduite (en 1823, sur la Cance, puis sur la Galaure), de les remplacer par des fils de fer, réunis en écheveaux ; et l’autorisation fut accordée aux frères SEGUIN, par les pouvoirs publics, le 22 janvier 1824, de construire la célèbre passerelle, suspendue sur le Rhône, entre Tain (Drôme) et Tournon (Ardèche) ; elle fut réalisée entre avril 1824 et le 25 août 1825, date se son inauguration ! Ce fut le prélude à la construction de près de 90 ponts semblables, soit par les cinq frères, soit par les utilisateurs du "système SEGUIN"... De nos jours, qui ne connaît le pont de Tancarville, le Golden Gate Bridge, et d’autres ... ?

- La chaudière tubulaire (1825, brevet d’invention de 1828).

locomotive de marc seguinInvention capitale de Seguin aîné, elle part du principe que la quantité de vapeur produite par une chaudière est proportionnelle à la surface présentée à l’action du feu ; constatant les limites de la chaudière de l’anglais STEPHENSON, il en conçut une, parcourue par une cinquantaine de tubes de petit diamètre, traversés par les flammes, et à l’origine d’une énorme quantité de vapeur. L’invention, géniale, allait être immédiatement appliquée à la locomotion ferroviaire !

- La première ligne de chemins de fer française.

Au vu de l’élémentaire ligne de chariots à traction animale existant entre Saint-Etienne et Andrézieux. Marc Seguin et ses frères obtinrent du Gouvernement, le 7 juin 1826, de construire la première ligne de chemins de fer digne de ce nom, entre Saint-Etienne et Lyon ; malgré les pires difficultés, elle fut inaugurée en juillet 1832. L’engin de Stephenson ne dépassait guère les 10 kilomètres dans l’heure ; celle de Marc Seguin, équipée de sa chaudière tubulaire, atteint vite les 50 kilomètres dans l’heure... La locomotion ferroviaire était née... Les noms des deux ingénieurs doivent être objectivement associés à une des plus prestigieuses réalisations techniques du XIXème siècle.

- Travaux aéronautiques,

Ils sont à la fois expérimentaux (construction d’une curieuse machine volante à ailes battantes, qui aurait quitté le sol de Varagnes pendant quelques instants, en s’aidant de la seule énergie humaine), et théoriques (pressentiment du brillant avenir des plus lourds que l’air, au dépens des aérostats).

- L’œuvre écrite de MARC SEGUIN.

Si elle apparaît dans sa correspondance et dans ses carnets manuscrits, ce furent essentiellement des ouvrages imprimés qui le virent s’exprimer sur des sujets aussi différents que : des ponts en Fils de Fer (1824), de l’influence des Chemins de Fer (1839), mémoire sur les Causes et les Effets de la Chaleur, de la Lumière, et de l’électricité (1865), mémoire sur l’Aviation ou Navigation Aérienne (1866)... et combien d’autres ! LA DESCENDANCE DE MARC SEGUIN

Un homme d’une telle envergure ne pouvait que donner naissance à une descendance de haut niveau, qui se manifesta dans deux domaines :

- Technique, bien sûr : conception et application à l’aviation naissante, du moteur rotatif "Gnome", en 1909, par Louis (1869-1918) et Laurent (1883-1944) Seguin ; les avions français glanèrent, avec lui, une grande partie des records mondiaux entre 1909 et 1915, ainsi que leurs pilotes, tels qu’ Augustin Seguin (1889-1965), recordman de distance sans escale en 1913. Ces trois frères étaient les petits-fils de Marc ! Le premier vol mondial d’un hydravion (Henri FABRE, 1910) fut aussi réalisé avec un engin équipé d’un moteur "Gnome"...

- Artistique et littéraire : sculpture et peinture (Augustin Seguin) ; peinture et gravure (Rose Seguin-Béchetoille) ; poésie (Joseph Seguin, dit Julien Vocance).

 LES SOUVENIRS DE MARC SEGUIN CONSERVÉS A ANNONAY

Il constituent un véritable "itinéraire Marc Seguin" :

- Sa maison natale, au numéro 2 de l’actuelle rue de Trachin, porte une plaque commémorative, apposée le 24 mai 1970.

- L’usine où il travailla est située à l’ouest de la ville, sur les bords de la Cance, au lieu-dit Saint-Marc ; elle est depuis plus vouée à la fabrication des feutres pour papeteries.

- La propriété de Varagnes, au nord d’Annonay, fut achetée par Marc Seguin à son retour de Fontenay, en 1859 ; formée de corps de bâtiments d’époques différentes (elle existe déjà à la fin du XIIIe siècle !), elle est toujours agrémentée d’un immense parc ; le grand ingénieur y créa des laboratoires de physique et chimie, un observatoire d’astronomie, une bibliothèque... Sa descendance en assure encore l’entretien, avec un méritant esprit de famille !

- Les papeteries CANSON ET MONTGOLFIER, à Vidalon-les-Annonay, sur la commune de Davézieux, avaient vu naître les frères Montgolfier ; leur petit-neveu, Marc Seguin, les acquit en 1861, avant d’en confier la gérance à l’un de ses gendres.

- Le caveau familial, situé au point le plus haut du cimetière d’Annonay, renferme les restes de Marc Seguin, de sa seconde femme, et de très nombreux descendants.

- La statue de la place de la Liberté : Elle fut sculptée, dans son état initial (Marc Seguin sur pieds, en bronze, à côté du socle de pierre), par Clémencin, d’après un projet de Maurice Luquet de Saint-Germain, et fut solennellement inaugurée le 10 juillet 1923, par M. Alexandre Millerand, Président de la République (le docteur Bayle était Maire d’Annonay).
Elle fut malheureusement emportée par les Allemands en 1942 pour la fabrication de canons. Mais le 1er juin 1947, une nouvelle statue, en pierre cette fois, due également à Clémencin, fut replacée sur le socle d’origine, et remise au Maire d’Annonay, M. Janvier par Amédée Seguin.

- L’Avenue Marc Seguin fut initialement dénommée Avenue de la Gare, à cause de son emplacement (la ligne de chemins de fer Annonay-Peyraud date de 1869). C’est le 27 février 1894 que le Conseil Municipal décida de la baptiser Avenue Marc Seguin.

- Des souvenirs du grand Annonéen sont conservés au Musée vivarois César Filhol, rue Jean-Baptiste Béchetoille : buste, maquette de la première locomotive, manuscrits, plans divers, souvenirs personnels, ... _ Il y figure également un moteur rotatif d’aviation "Gnome".

- Dominant fièrement la route du Puy-en-Velay, le château du Colombier est dans la famille Seguin de 1782 à 2000 ; il a toujours été le point d’attache de la branche Camille, un des frères de Marc.

- L’école Marc Seguin (établissement technique privé), située non loin et au-dessus de la gare, est la continuation d’une école technique fondée en 1928 ; elle a vu ses locaux modernes inaugurés le 29 janvier 1972.

pont suspendu d'andancette
- Le visiteur motivé par les œuvres du père des chemins de fer français, pourra se rendre à Tournon-sur-Rhône, et admirer à loisir un pont suspendu de Marc Seguin (1847), une statue, et divers documents conservés au château-musée. Plus près d’Annonay, deux ponts suspendus enjambent le Rhône à Serrières-Sablons et à Andance-Andancette.

Quelques pages ne suffisent pas pour effleurer 90 ans d’une vie telle que celle de Marc Seguin, toute imprégnée de cette grande vérité moderne, mais prophétique à l’époque, et qu’il énonçait, dès 1839, en exergue de l’un de ses ouvrages :
"L’industrie est devenue la vie des peuples".


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