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Chapelle de Trachin

Publié le mardi 13 octobre 2009

CLOCHER-TRACHINHistorique des lieux

Telle qu’elle nous est parvenue, cette chapelle présente un réel intérêt pour tout visiteur. Pour les Annonéens, cet intérêt est doublé d’un attachement tout particulier, car depuis près de sept cents ans, Trachin fait partie de leur patrimoine, de leur vie.

Trachin (ou Trachy) c’est d’abord un patronyme, le nom du fondateur. En effet, c’est à Guy Trachin, "Bourgeois d’Annonay" que nous devons cette chapelle : une copie de la charte   de fondation précise qu’en l’an 1320, Guy Trachin désire fonder un prieuré ou église. Nous ne savons rien du prieuré pendant les Guerres de religion, sinon que la chapelle fut utilisée par les protestants pour leur culte de 1561 jusqu’à la proclamation de l’Edit de Nantes, en 1598. C’est à cause de son utilisation pour le culte réformé et non, comme le voudrait la tradition, uniquement grâce à l’intervention de Claude Caron, que seule de toutes les chapelles et églises d’Annonay, elle sortit intacte de cette période troublée.

La situation du prieuré de Trachin se dégrada à la fin du XVII ème siècle. Au relâchement de la discipline s’ajoutait l’affaiblissement des revenus qui ne permettaient plus l’entretien des bâtiments et la subsistance d’une communauté.

Pour essayer d’enrayer le mal et procurer les ressources nécessaires, un Arrêt du Conseil d’État du Roi (d’octobre 1741) ordonnait le regroupement des prieurés. Trachin, ainsi que Peyraud et Verlieux furent rattachés à Notre-Dame d’Annonay. Ainsi s’éteignait le prieuré de Trachin, après quatre siècles d’existence. En 1744, le poste de prieur était vacant : il ne restait qu’un sacristain. En 1756, le portail du prieuré s’écroulait, entraînant dans sa chute une partie de la maison.

Les volontés de Guy Trachin étaient bien contrecarrées par les événements, mais pas totalement ! Sa chapelle contribuerait encore "à la gloire de Dieu et de sa Bienheureuse Mère", car les robes blanches des confrères de Trachin prenaient le relais de l’habit de serge blanche des chanoines de Saint-Ruf.

En effet, en 1732, à la suite d’une mission, avait été érigée la Confrérie de Trachin, approuvée par Rome en 1736. Elle comprenait une congrégation d’hommes sous le vocable de la "Nativité de la Vierge Marie" et une de femmes sous celui de la "Conception de la Vierge Marie". La cohabitation des deux communautés dut poser quelques problèmes, au moins un problème d’espace vital ; pendant cinquante ans, de 1753 à 1801, la confrérie des femmes préféra tenir ses réunions au couvent Sainte-Marie. Le renouveau religieux au lendemain de la Révolution donna une impulsion nouvelle à la confrérie de Trachin. Les deux congrégations, à nouveau regroupées dans la même chapelle rivalisèrent de zèle pour l’embellir.

Afin de gagner de la place (1812), l’autel fut avancé au milieu du choeur et les stalles aménagées tellesqu’elles sont aujourd’hui pour accueillir les hommes ; les femmes, à leur frais, édifièrent pour elles une deuxième tribune, laissant la nef à la disposition des fidèles. A cette époque, aussi (mars 1806), les confrères adoptèrent la robe blanche avec cordon bleu, tandis que les sœurs portaient le voile blanc. Finalement, en 1875, les deux congrégations seront réunies en une seule sous le vocable de la "Nativité de la Vierge" ou "Confrérie de Trachin".

Pendant deux cents ans, la Confrérie de Trachin fut florissante. La Révolution et la Séparation ne la dépossédèrent pas de sa chapelle, quoiqu’elle fut transformée en entrepôt de marchandises de 1793 jusqu’à la mort de Robespierre. Mise en vente comme Bien National en 1791, elle fut rachetée par cinq congréganistes ; et en 1885, c’est encore une congréganiste, Madame André Béchetoille, qui en assuma la propriété. Une plaque, apposée en 1907, rappelle ces deux sauvetages.

C’est la guerre de 1939-1945 qui donna le coup de grâce à la Confrérie de Trachin. Une réception de quatre congréganistes eut bien lieu le 26 janvier 1947, mais ce fut la dernière. Cette deuxième étape de la vie de Trachin, l’étape de la Confrérie, a donné à la chapelle la marque, la décoration mariale qu’elle conserve aujourd’hui. Heureusement, elles se marient, sans l’éclipser complètement, à tout ce qui rappelle la volonté du fondateur d’honorer ici les Bienheureux Apôtres Jacques et Philippe.

La chapelle a été mêlée bien des fois à la vie même de la ville, jouant un rôle qui n’était pas prévu par le fondateur. Pendant trois cents ans, son clocher servit de clocher paroissial. En effet, depuis l’effondrement du clocher de l’église Notre-Dame en 1552, jusqu’à la construction de celui de Saint-François au siècle dernier (1866), le clocher de Trachin fut le seul d’Annonay. En plusieurs circonstances, Trachin servit également d’église paroissiale. Trachin accueillit aussi dans ses murs plusieurs confréries en mal de local. Pour les vieux Annonéens, Trachin était encore, et surtout peut-être, le sanctuaire marial où, les jours de marché, les visiteurs accouraient fort nombreux. Depuis 1901, et jusqu’à ces dernières années, on y vénérait la "Bambina" ou Vierge-Enfant. C’est une dévotion peu répandue en France, mais qui, au fond, pour Trachin, faisait logiquement suite à celle de la Nativité !

Extraits de "Chapelle de Trachin - Annonay" par Jean RIBON

Visite

De l’ensemble prieural du début du XIVème siècle, il ne reste plus que l’église.

Extérieur

L’ancien porche d’entrée, rue Boissy-d’Anglas, est de style gothique, à quatre rangs de voussures en évasement sur six colonnettes. Le portail est du début du XVIIIème siècle. Au sommet de l’arc, la tête sculptée du fondateur Guy Trachin, en bonnet et chevelure à boudin de l’époque avec, au-dessous, la date de fondation : 1320. Au-dessus de l’arc, dans une niche, se trouve une Vierge en pierre du XVIIème siècle. Elle est inscrite à l’inventaire des Monuments Historiques.

De la rue de Trachin, nous découvrons dans un petit jardin, la masse élégante et sobre du clocher dominant les maisons. Comme tout l’édifice, il est de style gothique. De forme octogonale sur base carrée il est entièrement construit en granit sombre du pays. Le jardin a été dégagé récemment après démolition de bâtiments vétustes adossés à la façade, construits au siècle dernier sur l’ancien cimetière prieural.

Intérieur

Le choeur est de style gothique secondaire du tout début du XIVème siècle. Il est voûté modestement en croisées d’ogives nervurées s’appuyant au fond sur deux consoles d’angle et sur l’avant sur deux importantes consoles droites finement ouvragées. A leur base, nous découvrons le visage sculpté des deux fondateurs : à droite, Guy Trachin et à gauche, Igline de Saint-Julien, son épouse. Immortalisés par la pierre, ils sont aussi réunis dans la tombe : ils reposent ici, sous le choeur de leur église,depuis plus de six siècles.

L’autel est du XVIIIème siècle. Très sobre, il provient du couvent des frères Cordeliers, supprimé à la Révolution. Dans le choeur, nous remarquons sur les murs longitudinaux deux peintures marouflées du premier tiers du XXème siècle composées et peintes par deux artistes annonéens : Maurice Luquet de Saint-Germain et Anne-Marie Rony. Exécutées en style " tapisserie ", elles représentent : à droite, la Nativité de la Vierge et à gauche, la Présentation de la Vierge au Temple, avec Sainte Anne et Saint Joachim. On constate la grandeur exceptionnelle des personnages principaux qui dépassent le cadre supérieur de la toile. Toujours dans le choeur, nous remarquons les stalles sur fond en lambris du XVIIIème siècle. Ces stalles étaient destinées aux hommes de la Confrérie de Trachin pendant les offices religieux. Enfin, dans les cadres ovales en bois doré, du XIXème siècle, sont peints les mystères de la Vierge. Ces médaillons entourent le choeur sur trois côtés. De part et d’autre de l’arc triomphal, deux anges porte-torchère en bois doré du XVIIème siècle. Les vitraux du choeur représentent : à gauche, la visite à Abraham sous le chêne de Mambré (en regardant plus attentivement, on distingue le visage de Sarah, effarée par ce qu’elle entend) ; à droite, c’est l’Annonciation.

Nous retournons jusqu’à l’arc triomphal et nous découvrons la nef. Celle-ci est construite sur un plan rectangulaire barlong (à cause du biais de la petite rue de Trachin). Elle était destinée aux fidèles assistant aux offices. Dans le fond sont deux tribunes superposées, la première du XVIIIème siècle ; la seconde du XIXème siècle. Dans ces tribunes se tenaient, pendant les offices, les dames de la Confrérie de Trachin.

Le grand plafond attire notre attention. Peint sur mortier à la fin du XVIIIème siècle ou début du XIXème siècle, il a remplacé un plafond en lambris de forme ogivale dont on voit les traces dans les combles. Ces peintures remarquablement restaurées récemment, présentent un intérêt certain. L’élément principal est l’Assomption de la Vierge, inclus dans un grand médaillon circulaire repoussé très haut dans le ciel par une peinture en "trompe l’oeil". De part et d’autre des murs longitudinaux sont figurés dix apôtres, dans des cartouches reliés par une guirlande de lauriers d’or en "relief". Au fond les quatre évangélistes. Par un artifice de composition, l’artiste a su parfaitement dissimuler le plan irrégulier du plafond. Aux quatre angles, la décoration rappelle les deux Saints Patrons de la chapelle et leur martyre : Saint Jacques avec la mître d’Évêque de Jérusalem et le foulon ; Saint Philippe avec l’épée et la croix. Cet ensemble regroupe ainsi la dévotion à la Vierge des congréganistes de Trachin avec le souvenir des Saints Patrons de l’église primitive.

Trachin possède deux grandes toiles : à droite, verticalement, "Saint Jacques et Saint Philippe". C’est la plus importante et la plus riche. Très altérée elle a fait récemment l’objet d’un nettoyage effectué par un spécialiste. Ainsi ont été remises en valeur la beauté de la composition, la pureté du dessin et la richesse des couleurs. Cette oeuvre fut exécutée en 1668 par le peintre lyonnais Adrian Dassier qui, après avoir acquis la "maîtrise", avait établi son atelier dans le quartier de Saint-Paul à Lyon. On ne connaît, aujourd’hui, que très peu d’oeuvres de ce peintre de talent. Il avait séjourné dix années à Rome et s’était imprégné du génie de Raphaël en restaurant les célèbres fresques de la chambre des Loges du Vatican.On retrouve cette influence dans l’expression des visages, le drapé des vêtements et l’attitude de l’ange.

En face, horizontalement, la "Nativité de la Vierge" où sont représentés Sainte Anne et Saint Joachim. La servante qui tient l’enfant est coiffée à la hollandaise ; la lumière est concentrée sur les quatre personnages principaux qu’entoure une pénombre grandissante ; enfin, le paysage extérieur, très vert, s’intègre par une baie ouverte. Tous ces détails pourraient laisser penser qu’il s’agit d’une peinture d’origine ou d’inspiration hollandaise. De date incertaine elle serait cependant moins ancienne que la précédente.

Quelques toiles plus petites : "Saint François de Sales", évêque de Genève, qui séjourna à Trachin, et une toile provenant des Cordeliers représentant "Saint François guérissant des animaux malades".

Parmi les autres éléments d’ornementation, signalons :
- A la première tribune : un fragment de retable en bois de l’église Sainte-Claire (début XVIIème siècle) et une Vierge en bois doré du XVIIIème siècle provenant du couvent de Sainte-Marie.

- Sur la gauche : en haut, un vitrail (XIXe) représentant Saint Bruno, fondateur des Chartreux, dont deux des premiers compagnonsétaient religieux de Saint-Ruf ;

- en bas, un vitrail circulaire d’expression moderne du peintre J.M Héraut, représentant Saint Jacques et Saint Philippe,apporte à l’église jusqu’au crépuscule sa lumière colorée.

- Au fond : une Pietà, offrande probable de congréganistes, début du XIXème siècle.

- Et pour terminer : quelques bannières de la Confrérie de Trachin qui rappellent, par leurs peintures et broderies sur le pourpre ou la blancheur du tissu, le martyre des Saints Patrons Jacques et Philippe ou les mystères de la Vierge-Enfant.

Extraits de "Chapelle de Trachin - Annonay" par Maurice FRAPPA


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